• Arf.
    Puisque la grève et les travestis ne vous inspirent aucune réflexion, je vais vous parler de mon zizi.
     
    Mon zizi est né le 27 octobre 2004.
    Mais comme je ne suis pas un homme, je n’y ai pas prêté plus d’attention que ça (il n’y a que les hommes pour croire que leur zizi soit la plus belle chose qu’ils possèdent).
     
    Vexé le zizi.
    Tout rabougri.
     
    Le 31 décembre, il tentait, dans un dernier effort pour que je l’aime, d’attirer mon attention.
     
    A quelques minutes d’intervalle, il me laissait trois commentaires, de vulgarité croissante (le zizi est rarement loin du pipi-caca…) :
    - à 12h15mn13s : « c’est un pote de spiderman ? »,
    - à 12h19mn04s : « folle a part de toi meme je vois pas »,
    - à 12h24mn47s : « Ah , celui ci c'est ton meilleur post ... et de loin !!! C'est sans doute parceque rien n'est de toi ! Allez , je vais voir ailleur car ton blogg est quelque peu odorant ... ».
     
    Moment d’absence.
    Je n’avais donc pas vu ce début d’érection.
    Heureusement parce que je suis rigide sur l’orthographe (ça en fait au moins un de nous deux qui ne soit pas mou…).
     
    Blessure narcissique du zizi : s’il y a bien une chose que les zizis ne supportent pas, c’est que les filles ne s’y intéressent pas.
     
    Il rumine sa vengeance.
    A 15 heures 45, il déclenche les hostilités : il s’en prend à mon Q.
     
    Pauvre zizi… Son subconscient le submerge.
    Alors qu’il croit me faire mal, il ne fait qu’exprimer sa faiblesse de pénis incompris, qui voudrait qu’on le sente.
    Je l’oublie comme mon premier suppositoire.
    Trop petit.
     
    Il tente quelques temps de se mesurer à moi en d’autres lieux.
    Mais je ne suis pas venue chercher de rapports sexuels en Bloggland.
    Je l’ignore derechef.
     
    Le 6 janvier, n’y tenant plus, il se découvre.
    Il me laisse le message suivant : « C'est du ........ NON!!!!!! SI !!!!!! J'ai dis non ,ca ce fait pas !!!! Mais , elle le merite !!! OUI, t'as raison , vas y ! Eh ben cleo , c'est KAKABOUDIN!!! T'es dur ! Oui , mais c'est merite ! ».
     
    Même décalotté, il n’est pas bien grand, mon zizi.
     
    Le 13 janvier, il tente de se détacher de moi.
    Hélas pour lui, dans sa quête d’indépendance et de reconnaissance, son inconscient prend le pouvoir : son second cri est pour moi.
     
    Bof.
    Mon zizi est si inintéressant, que je préfère le tête-à-tête avec celui de mon chéri.
     
    Quelques jours plus tard, de retour en ces lieux, je découvre que mon zizi est devenu fou.
    Il me cherche et ne me trouve plus.
    Désespérément en quête de contact, il lâche ses spermatozoïdes dans l’espace virtuel, croyant ainsi recréer une galaxie.
    Hélas pour lui, elle est vide.
    Et il reste à des millions d’années-lumière de moi.
    Dans le Blog Pop.
     
    Il n’y a pas que le sexe dans la vie.
    Il y a aussi le boulot.
    Et de ce côté, je suis mieux servie que du côté de mon zizi : bien plus prenant…
     
    Je ne consacre que peu de temps à Bloggland.
    Mais tout de même suffisamment pour découvrir le Blog Géo.
     
    Intéressante cette nouvelle option.
    On apprend par exemple que 28 blogueurs sont sis en Thaïlande.
     
    Pendant ce temps, mon zizi vit sa vie (notez le jeu de mots…).
    Du moins, je le croyais.
     
    Profitant de mon absence, le cornichon s’est fait passer pour moi.
     
    Et c’est là que je pousse un cri : aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !
     
    M’enfin zizi ! Je suis une fille !
    Je ne peux pas avoir de zizi.
    Va voir ailleurs si j’y suis !
     
     
    Tout ça pour vous exposer un petit problème de logique :
     
    Qui écrit sans accents parce que son clavier thaïlandais n’en comporte pas, s’est créé plusieurs blogs pour apparaître dans le Blog pop, tous depuis la Thaïlande et tous aussi vides que l’univers lorsque celui à qui il a emprunté son pseudo premier l’a créé, et est assez mégalomane et schizophrène, autant qu’infantile, pour, alors qu’il est déjà un homme d’un âge avancé, se comporter en gamin idiot et se venger de mon indifférence en me polluant de ses commentaires vulgaires dès qu’il ne sait plus quoi me dire ?
    Hum, qui ?
     
    NB : des indices se sont cachés dans la question. Saurez-vous les retrouver ?
     

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  • Hep, vous là !
    Oui, vous !
    Vous qui me lisez…
    Z’avez pas donné !

    Comment ça, vous ne comprenez pas…
    C’est pourtant clair : on donne au péage.

    Combien ?
    Ce qu’on veut, pourvu que ce soit strictement positif.

    Eh oui, c’est nouveau.
    Eh oui, c’est gonflé.
    C’est tout moi, quoi.

    Pourquoi « pourquoi » ?
    Parce que !

    Parce que j’en ai assez de passer mes soirées à faire ma comptabilité et me coucher triste d’être pauvre, alors que chaque matin je reçois une lettre où l’on m’annonce fièrement qu’on va encore me piquer, comme si j’étais riche, entre 500 et 800 euros là, tout de suite, maintenant, sinon on m’envoie les gendarmes, les contrôleurs du fisc, et Lorie (elle me fait peur celle-là… Une vraie mère maquerelle… Rendez-vous compte : elle pille les comptes familiaux à grands coups de chansons nases. Faites le calcul : une place de concert, 45 euros. Donc quand la gamine veut allez voir Lorie-trop-géniale-la-meuf, les parents banquent 45 euros pour elle, mais aussi 45 euros pour la mère, qui accompagne sa fille mineure, et 45 euros pour le père, qui accompagne la mère qui menace de divorcer, donc 135 euros pour s’entendre dire qu’il n’y a pas moyen parce qu’elle est ta meilleure amie ! Elle fait peur…).
    J’ai pas la thune qu’on me demande !

    Parce qu’aussi j’ai pu constater que malgré mon irrégularité à poster ces derniers temps, je demeure dans le blogtraffic.
    Ce blog étant le seul succès de ma triste vie de contribuable, il faut bien que ça me rapporte.

    Parce qu’enfin vous êtes habitués à payer, tout et n’importe quoi… Et que j’envoie un sms surtaxé pour « voter » pour un type à qui j’achèterai ensuite un disque nul… Et que je me rue dans les magasins pendant les soldes pour dévaliser des rayons où je n’aurais rien acheté s’il n’y avait eu de grosses pancartes rappelant combien l’affaire est trop belle… Et que j’achète la lessive la plus chère parce que la pub a dit qu’elle était aux enzymes alors qu’elle sort des mêmes usines que la lessive la moins chère… Et que je me ruine en lecteur de dvd « de salon » alors que j’en ai un sur mon ordinateur que je pourrais brancher sur la télé, mais je ne vais quand même pas m’arrêter au magnétoscope parce que j’aime dépenser mon fric en futilités et d’ailleurs faudra penser à changer la télé parce que le dvd sur une télé de 37 cm de diagonale, ça le fait pas donc je vais acheter un écran plasma tellement grand et plat que je serai obligé de jeter ma bibliothèque et mes livres de Pierre Bellemarre que je n’ai toujours pas lus parce que la télé m’abrutit, mais c’est pas grave parce que Pierre Bellemarre, il passe à la télé et il a même fait des dvd… Et que je donne pour tout et n’importe quoi, sauf aux gens qui crèvent de faim dans la rue, sales fainéants, z’ont qu’à bosser ces cons… Donc vous pouvez bien donner pour me lire !

    Donc : à vot’ bon cœur, Messieurs-Dames !



    PS : il va de soi que CHAQUE commentaire est payant.
    Sauf le premier, où vous laisserez aimablement votre numéro de carte de crédit, date d’échéance de validité, et cryptogramme relevé au dos de ladite carte.
    Je sais, mon grand cœur me perdra…


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  • Je suis une instable.

    Besoin de changer d'univers régulièrement.

     

    En fait, ce n'est pas si régulièrement que ça : le rythme s'accélère.

     

    Je suis née en province.

    Heureuse d'y vivre.

    Pendant douze ans.

    Enfant saine de corps et d'esprit.

     A treize ans, premier ras-le-bol : envie de grande ville, d'autre chose.

    Je connaissais le plan de métro parisien par cœur et ne souhaitais que le prendre chaque jour.

    Quitté ma province, mes parents, mes amis, ma petite vie douillette à quatorze ans, donc.

     

    Grand lycée parisien.

    Velléités d'intégrer une grande école.

    Pendant deux ans.

    Mens sana</place /></city /> in corpore sano.

    En terminale, deuxième ras-le-bol : envie d'une vie « normale ».

    Je n'ai pas demandé de place en classe prépa, et me suis inscrite en fac.

    Quitté le monde des « élites de la Nation », mes nouveaux amis, ma vie dorée promise, donc.

     

    Université.

    Choix d'une filière scientifique.

    Quelques années heureuses.

    Fumeuse raisonnable.

     En peu de temps, troisième ras-le-bol : envie de découvrir autre chose.

    J'ai sollicité une inscription parallèle en fac de droit.

     

    Re-Université, double cursus.

    Les sciences pour l'avenir, le droit pour la culture.

    Pendant deux ans.

    Fumeuse invétérée.

     En stage de fin de maîtrise scientifique, quatrième ras-le-bol : plus envie d'en faire ma profession.

    J'ai abandonné ce cursus, mes nouveaux nouveaux amis, ma vie de rat de laboratoire annoncée et suis partie travailler.

     

    Fac de droit et monde du travail.

    Double vie.

    Pendant deux ans.

    Non-fumeuse.

    Dépression : cinquième ras-le-bol : marre de ce rythme schizophrène.

    J'ai arrêté de travailler, laissé mes nouveaux collègues, ma vie d'étudiante salariée et fini mon droit tranquillement.

     

    Centre de formation professionnelle.

    Les sciences pour ma culture, le droit pour l'avenir.

    Pendant un an.

    Fumeuse compulsive.

    Ennui : sixième ras-le-bol : besoin de parler d'autre chose.

    Je me suis impliquée dans la vie associative, ai boudé mes camarades de classe, les cours et les recherches Du stage, dans Le cabinet, pour commencer La carrière.

     

    Premier patron.

    Le boulot pour bouffer, les associations pour vivre.

    Pendant un an.

    Fumeuse raisonnable.

    Injustice : septième ras-le-bol : marre de me faire exploiter par mon Thénardier.

    Je l'ai quitté, mes confrères et néanmoins amis aussi, mes honoraires confortables également, pour d'autres horizons.

     

    Deuxième patron.

    Enfin une matière que j'aime.

    Pendant six mois.

    Cigarette-addicted.

    Jacquerie : huitième ras-le-bol : révolte contre l'autorité du Maître.

    Je le laisse à sa grandeur autoproclamée, mes nouveaux confrères et néanmoins amis aussi, mes honoraires plus que confortables également, pour vivre enfin Ma vie.

     

    Troisième patron : moi.

    Enfin la liberté.

    Pendant six mois.

    Intoxiquée à la cigarette.

    Solitude : neuvième ras-le-bol : trop de travail, pas assez de fric, mes associations qui me pompent tout mon temps au prétexte que je l'organise comme bon me semble.

    Je manque de tout plaquer, ma profession, mon indépendance, mes pseudo-amis et néanmoins camarades de lutte, pour revenir à la case étudiante-salariée, la seule qui me laisse paradoxalement de la liberté.

     

    Quatrième patron.

    La sérénité.

    Depuis quelques temps.

    De moins en moins fumeuse.

    L'apaisement : il semblerait que j'aie trouvé ma place et mon rythme.

    Tout va bien.

    Je suis certes moins disponible, mais tout de même très libre.

    Et je fume moins.

     

    A quand la prochaine crise ?

    J'ai tant de nouveaux projets à réaliser...

     


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  • Je suis bordélique mais je me soigne.

    Précisément, je suis papiphile.

    Non pas que j'aime les vieux, mais le papier.

    Et je ne connais pas le mot adéquat pour décrire ce phénomène.

    Mais comme je connais plein d'autres mots compliqués, genre Caenorabditis elegans, je considère qu'il y a un point partout, balle au milieu.

     

    Donc je vis dans un fatras de papiers :

    -         Des papiers importants, surtout pour mes clients, parce que personnellement, je n'en ai rien à foutre, mais je les conserve en espérant leur envoyer, un jour, pour le soin que j'apporte à leurs papiers, un autre papier à mon en-tête avec marqué en gros et en titre « facture »,

    -         Des papiers liassés, tels des magazines, des journaux, et pas que des futiles hein, y en a aussi de boulot,

    -         Des papiers volants, de toutes sortes, servant de bloc-notes sauvage et dont je me promets toujours de les classer un jour,

    -         Des papiers agrafés les uns aux autres, en grands ou petits morceaux, recréant ainsi un agenda de fortune, sur lesquels sont notées les choses que j'ai à faire et mille références qui me semblent hyper importantes quand je les note, mais qui, lorsque je les relis quelques minutes plus tard, ne m'évoquent rien de plus qu'un « mais qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire ? » inquiet et flemmard, auquel je réponds en remisant par devers moi lesdites notes en espérant que la mémoire me reviendra plus tard, alors que j'en oublie jusqu'à leur existence,

    -         Du papier à lettres, de tous formats, de toutes couleurs, alors que je n'envoie que des mails, mais c'est si beau ce rose qui tue, et ce parme romantique, et ce bleu, et ce noir, et ce caca d'oie,

    -         Du papier recyclé en papier de brouillon, parce que je suis pire qu'Idéfix, je ne pleure pas quand on arrache un arbre : je tue ; alors je recycle tout et me retrouve régulièrement à essayer de comprendre ce que j'ai bien pu vouloir imprimer sur cette publicité,

    -         Du papier relié, par une couture ou des spirales, généralement de chez Muji ou Clairefontaine, parce que j'adoooooooore les cahiers et carnets, qu'on en a toujours besoin, que ça peut servir, que la couverture est jolie, ou simple, ou me rappelle mon enfance, et que c'est tellement beau que ça deviendra collector, alors il ne faut surtout pas écrire dedans, j'en rachèterai un identique pour m'en servir, celui-là je le garde en souvenir,

    -         Du papier chiant, des pubs, des catalogues, qui, je vous l'accorde, mériteraient eux de finir à la poubelle, mais bon, on ne sait jamais, il faut lire avant de jeter, ça peut servir,

    -         Du papier coloré en tous petits morceaux rectangulaires, généralement violet avec une bande brune, oui je sais, ce sont des tickets de métro usagés, mais on ne sait jamais, ça peut servir aussi,

    -         Et bien sûr, mon agenda, mes livres, mes dictionnaires, ben oui je fais la collec' et alors ?, mes cours depuis le bac, je sais, j'ai eu mon bac en 1992 et depuis j'ai toujours eu une carte d'étudiant, quelques cours d'avant le bac, quelques manuels scolaires programme lycée, du courrier en souffrance, des factures pas mieux, des extraits de compte non classés, des justificatifs de frais pareils, etc., etc.

     

    Je croule sous le papier.

     

    J'adore.

     

    Autrefois, je faisais même à chaque événement une « revue de presse » complète.

    En fait de revue de presse, j'achetais TOUS les journaux qui traitaient du sujet, de l'Huma à Minute, pour avoir un échantillon de la pluralité d'opinions en France à telle époque, à tel propos.

     

    Et je gardais chaque exemplaire du Monde que je lisais.

    Or j'étais abonnée.

     

    Ça, ça va, je l'ai réglé.

    J'arrive presque à jeter les journaux et magazines.

    Mais seulement quand ils datent de plus d'un an.

    Arf.

     

    J'ai bien eu deux palms.

    J'en ai cassé un.

    On m'a volé l'autre.

     

    Retour au papier.

    Personne ne vole une serviette en papier de restaurant sur laquelle est inscrite RV EN 30 14 15.

    Et pour cause : on n'y comprend rien. Pas même moi.

     

    Je vivais donc très bien sans agenda électronique.

     

    Jusqu'à ce que ma mère, que j'adore, me demande ce qui me ferait plaisir pour Noël.

    Aïe.

    J'ai tout.

    Je suis très gâtée.

    « Un palm ? » ai-je répondu après six heures d'interrogatoire, à bout de forces, en croyant me souvenir que c'était pratique et que ça me permettrait de virer quelques papiers...

     

    Aussitôt dit, aussitôt offert.

    Il est beau.

    Il fait tout : agenda, carnet d'adresses, album photo, lecteur de sons et vidéos, tableur, traitement de texte, jouet, internet, il y a même msn messenger (au secours ! comme si je ne surfais pas assez sur le net...), et pleins d'autres fonctions que je n'ai pas encore découvertes. Mais les jeux sont cools. Il y en a notamment un où il faut casser des bulles jusqu'à vider l'écran. C'est débile, mais pas si facile que ça en a l'air. Et ça occupe.

    Donc très pratique ce gadget.

    Et j'adore les gadgets.

    Un bijou.

    J'ai mis la bite de mon chéri en écran d'accueil, et mon cul en mémoire.

    Super.

    Ça me manquait.

    J'ai rentré mes rendez-vous, avec des couleurs et des alertes.

    Génial.

    Ça me fait deux agendas à tenir au lieu d'un.

    J'ai pris mes petits papiers sur lesquels j'avais noté ce que j'avais à faire. J'ai tout enregistré dans le joujou, avec ordres de priorité et alertes aussi.

    Grandiose.

    De la place sur mon bureau.

    Et j'ai contemplé.

    Jusqu'à ce que ça sonne.

     

    Parce que voyez-vous, il fait tout, sauf le boulot.

     

    Du coup, je me retrouve avec une machine infernale qui sonne toutes les cinq minutes pour me rappeler que je suis une feignasse en retard, et je passe mon temps à changer les dates d'échéances des tâches à accomplir dans l'espoir vain de moins culpabiliser.

    Résultat, je perds mon temps à essayer de l'organiser.

     

    J'ai dû créer une alerte pour me rappeler de mettre à jour ce bidule !

     

    Alors d'accord, j'adore ce truc.

    C'est trop moderne et top, et tout ce que vous voudrez comme superlatifs.

    Ça évite le bordel, c'est sûr.

     

    Mais quand je l'entends, je sursaute.

    Le papier prend plus de place, mais fait moins de bruit.

    Or, si je supporte le bordel, je ne supporte pas le bruit.

     

    Je crois que ma mère a voulu me faire passer un message avec son cadeau...

    Mais lequel ?

    Elle dit souvent « range ta chambre ».

    Mais aussi « il vaut mieux travailler peu mais souvent, que beaucoup et rarement ».

    Et encore « arrête de dire que tu es stressée et débordée, tu attends toujours la dernière minute pour t'y mettre parce que tu ne sais pas travailler autrement. En attendant, tu bulles bien, non ? ».

    Mais pas du tout.

    Je suis débordée !

    -         Toi débordée ? c'est un genre que tu te donnes.

    -         Mais Maman, je t'assure ! Je bosse 70 heures par semaine, et ça ne suffit encore pas.

    -         Ma fille, je t'aime malgré tes défauts. Et d'ailleurs, j'en assume ma part de responsabilité. Mais s'il y a une chose que je ne peux pas t'entendre dire, c'est que tu passes ton temps à travailler. Tu ne l'as jamais fait. Je ne crois pas que tu le feras un jour.

    -         Maman, tu déconnes, si tu permets ! Je te dis que je ne fais que ça !

    -         Pfff... dois-je te rappeler que ton père a passé ton année de terminale à te demander si tu avais choisi l'option Tetris au bac ?

    -         Faut se détendre parfois...

    -         Mmmh. Et en quatrième, tu te souviens ?

    -         Quoi ?

    -         Ta prof de maths... elle t'avait mise au fond de la classe, trois rangs derrière tout le monde pour que tu arrêtes de discuter. Résultat, tu passais tes cours à faire voler des papiers avec des messages codés, ce qui perturbait tout la classe, parce que tu n'indiquais jamais le destinataire.

    -         Je ne voulais pas lui créer d'ennuis. Et d'abord si j'étais au fond de la classe, c'était parce que je suivais le programme de maths de l'année suivante.

    -         Oui. Aussi. Parlons-en. Pourquoi t'avait-elle concocté un programme spécial ?

    -         Parce que j'étais douée.

    -         Oui et FEINEANTE ! Tu arrivais en cours les mains dans les poches sans avoir fait tes devoirs et corrigeais les exercices en direct au tableau. Elle espérait te faire travailler un peu en te donnant plus difficile.

    -         Je vois le genre : c'est pour mon bien qu'elle voulait me faire cravacher.

    -         Exactement. Mais ça n'a pas marché, hélas.

    -         Ben si : je prépare mes dossiers quand même.

    -         A d'autres ! Tu te sers de ta mémoire prodigieuse pour retenir ce que les autres oublient, ce qui te permet de coincer l'adversaire sur des détails.

    -         On appelle ça connaître son dossier...

    -         Pas à moi s'il te plaît. Je sais très bien que ta mémoire est tordue : tu ne retiens que les détails, jamais le banal. Tu es incapable de te souvenir de ce que tu as fait ce matin, alors que tu peux réciter au mot près un rapport d'autopsie avec les termes techniques en l'ayant lu une fois en diagonale il y a plusieurs mois.

    -         Alors là, je t'arrête : je sais très bien ce que j'ai fait ce matin.

    -         Ah ?

    -         ... euh... zut, j'étais persuadée de l'avoir noté dans mon bidule électronique...

    -         Biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip !

    -         Hein ?

     

    Zut, ça re-sonne.

    On ne peut même plus se disputer avec la projection de sa mère tranquillement...

    Pire qu'elle, ce truc !

     

    -         Bon. Qu'est-ce que tu me veux, toi le bidule bruyant ?

     

    Arf, ma mère...

    Déjà que je l'entends me parler dans ma tête... avais-je vraiment besoin d'ajouter des bips à ma névrose ?

    Ça me fait un deuxième interlocuteur fantôme à qui parler...


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  • Certains auront peut-être relevé l'un des paradoxes de ma personnalité : je suis athée, pure et dure, et pourtant je fête Noël et la Saint-Nicolas.

    Révélation : je fête aussi l'Epiphanie, la Chandeleur, et toutes les occasions d'essence judéo-chrétienne.

     

    Voilà ce que c'est que d'avoir été élevée par des soixante-huitards en Moselle.

     

    Avoir des parents militants entraîne certaines conséquences :

     

    -         On apprend à marcher et à parler pendant les manifestations, de manière qu'à tout jamais on ne sait pas marcher au pas cadencé mais dans une joyeuse pagaille et on parle un peu plus fort que la moyenne,

     

    -         On est toujours prompt à brandir pancartes et banderoles lorsqu'on croit voir une injustice quelque part et on appelle à la grève partout où on passe (en maternelle, j'ai entraîné mes camarades à quitter l'école pour manifester contre la sieste paraît-il ; en primaire, je ne sais plus pourquoi ; au collège, parce qu'on nous a fermé les toilettes pendant les heures de cours pour éviter les promenades au prétexte d'une envie pressante ; et au lycée... arf le lycée... grève des cours, c'est plus simple),

     

    -         On est persuadé que la maxime parentale « Sois bonne avec le monde et le Monde deviendra bon » est vraie, et on se prend des baffes tout sa vie parce qu'on croit au mythe du bon sauvage,

     

    -         On rêve d'un monde meilleur où les hommes seraient égaux et libres, mais le temps aidant, on préfère qu'ils soient égaux dans la richesse (ben oui, les soixante-huitards se sont enrichis avec l'âge, et s'ils conservent de hautes valeurs, ils n'entendent pas refaire un stage-ouvrier prochainement : ils préfèreraient que le camarade ouvrier vienne faire un stage-patron à vie...),

     

    -         Etc. Je m'arrête là, car je pourrais parler des heures de mes parents communo-mao-trotsko-socialo-anarcho-capitalistes.

     

    Mais être élevée en Moselle entraîne d'autres conséquences :

     

    -         On vit sous le régime du Concordat : l'Eglise et l'Etat ne sont pas séparées. Attention au contresens : il ne s'agit pas d'une gouvernance catholique. Il s'agit juste d'intégrer le culte, quel qu'il soit, au fonctionnement des institutions laïques. C'est ainsi qu'à l'école les enfants suivent des « cours de religion ». Chacun va suivre les enseignements de sa confession, ou file faire des dessins chez la directrice en primaire ou au cinéma dès le collège s'il est athée. Dans ce régime, il y a donc beaucoup plus de jours fériés que partout ailleurs en France et on s'habitue à chérir les jours de fête religieuse parce qu'ils sont synonymes de bullage en bonne et due forme. Mais il faut admettre que même si les élus se sont attachés à donner à chaque communauté religieuse la possibilité d'exercer son culte, la région est de tradition judéo-chrétienne en majorité, et ce d'autant plus que les nombreuses familles qui y ont immigré aux siècles précédents pensant faire fortune dans les mines ou la sidérurgie (arf, quelle déception !) étaient généralement issues de pays eux-mêmes judéo-chrétiens tels que l'Italie ou la Pologne,

     

    -         On vit donc dans un monde où l'on n'entend pas parler de luttes entre religions, car celles-ci s'exerçant dans la plus grande liberté, nul besoin de les revendiquer, et l'on découvre avec horreur quelques année plus tard lorsqu'on vit ailleurs que cette paix n'est pas générale sur le territoire français et qu'il faut choisir son camp camarade, alors que jusque-là personne ne vous a jamais rien demandé,

     

    -         On grandit avec pour ligne d'horizon les usines de sidérurgie désaffectées qui rouillent en silence (et Papa en fond sonore qui vous explique combien d'ouvriers exploités y ont laissé leur santé, mais combien aussi c'est un drame de ne plus voir l'acier en fusion couler et lesdits ouvriers pointer au chômage), les mines fermées les unes après les autres (et Maman de vous chanter la complainte de la femme du mineur qui n'a jamais vu son mari refaire surface après un coup de grisou, Maman elle-même fille de mineur...), les casernes d'une ville de garnison qui se vident peu à peu, les vestiges d'une occupation allemande de trente ans, et l'habitude de côtoyer ses voisins européens sans qu'il soit besoin d'une Constitution pour cela. Un paysage si triste qu'il en est beau, dans lequel poussent aussi des villes bourgeoises et cultivées, nées des échanges intracommunautaires avant l'heure, de l'habitude que l'on a gardée depuis le Moyen-Age de considérer la frontière comme une fiction politique à laquelle on tient, certes, mais qui n'empêchera jamais d'aimer le voisin, et même souvent, de l'épouser, entre deux guerres qui, elles, laissent les champs grêlés d'obus, au point que régulièrement l'on évacue des villages entiers pour extraire les relents de l'Histoire,

     

    -         On se développe donc au sein d'une société panachée, où la nounou ne parle qu'italien, à qui l'on répond en français, alors que certains de nos petits camarades parlent le polonais, le flamand, l'allemand, le turc, l'arabe ou le persan à la maison, et l'on se sent Lorrain avant tout, dans cette Babel des temps modernes,

     

    -         On vit dans une région attachée aux traditions, pas vraiment parce qu'il est important de fêter Saint-Nicolas ou l'Epiphanie, surtout si l'on n'est pas chrétien, mais plutôt parce qu'au fil des siècles, des mets divers et variés ont été créés pour chaque occasion. La crise de foie, plus que la foi. Une larme me vient à l'œil rien que de penser au stöllen du jour de Noël, aux Saints-Nics en pain d'épices, aux sablés de Décembre, au calendrier de l'Avent rempli de petits chocolats (que mes parents m'offrent encore chaque année, malgré mon âge plus très tendre), aux mirabelles accommodées de mille manières pendant leur fête et distillées dans les fermes toute l'année, etc., etc., arf, j'ai faim,

     

    -         On réside sous un climat continental accentué qui offre certes des demi-saisons pourries, mais aussi de beaux étés bien chauds et des hivers sous la neige ; alors on aime les grands sapins décorés (même si quelques années plus tard, on préfère mourir que d'en tuer un de plus), les batailles de boules de neiges pendant les vacances d'hiver, le chocolat chaud au retour de la ballade en forêt par moins dix et le feu qui crépite dans la cheminée,

     

    -         Et l'on s'accommode de ce drôle d'accent un peu péquenaud que les Mosellans traînent, parce que vraiment, on aime grandir en leur sein.

     

    Alors voilà.

    Je suis athée, mais je fête Noël.

    Par régionalisme.

    Que dis-je : par « départementalisme », voire « municipalisme ».

     

    Parce que mes parents, égalitaires, donc ne voulant pas que je sois la seule de l'école à ne rien fêter, ont décidé que c'était la fête des enfants, et que quand on vient de là-bas, on reste à tout jamais un enfant.

     

    Donc : Joyeuses fêtes, les enfants !

     

    Même si c'est triste finalement cette fête imposée, même si le monde continue de pourrir pendant ce temps, même si d'autres meurent de faim pendant qu'on fait bombance, profitez-en !

    Je hais Noël, mais suis ravie de le passer avec mes parents.

     

    Je vous souhaite le même bonheur.

     

    Je sais, c'est paradoxal.

    Mais bon, je ne suis plus à ça près.

    Et il y aura du stöllen.

    Alors faisons contre mauvaise fortune, bonnes papilles...

     

    Joyeux Noël, ou Hanoukka, ou fête de je ne sais quoi !


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