• No change

    Il y a quelques mois, alors que je consultais tranquillement un dossier dans un des couloirs du Palais, devant la porte de mon juge, un de mes confrères, qui consultait son dossier devant la porte de son juge, s'est approché de moi.

     

    -         Jolies chaussures ! me lança-t-il,

    -         Merci...répondis-je mollement, tout absorbée que j'étais par ma lecture.

    -         Idéales pour une soirée aux chandelles.

    -         Plaît-il ? m'interloquai-je. Que me voulait ce lourdaud ? Il n'osait tout de même pas me draguer en ces lieux... Ne voyait-il pas que je travaillais ?

    -         Vous connaissez Les Chandelles ?

    -         C'est un club échangiste, non ?

     

    Que n'avais-je pas dit !

    Erreur tactique... de débutante.

    Mon métier est pourtant de préparer les clients à l'interrogatoire.

    Et je m'étais fait avoir comme une bleue.

     

    -         Exactement. J'ai affaire à une connaisseuse...Vous y allez parfois ?

    -         Je ne connais pas.

     

    Et c'était vrai.

    Je n'étais jamais allée en club.

    Il se trouvait juste qu'une de mes amies habitait en face, et qu'un autre de mes amis m'en avait parlé.

    Je savais donc précisément où cela se trouvait et ce qu'on y faisait.

    Je savais aussi que c'était un repère à professions libérales.

    Il était donc évident que si j'avais voulu un jour tenter ce genre d'aventures, je n'aurais pas choisi ce club.

     

    Mais je m'étais piégée moi-même en répondant à ce confrère que je savais ce qu'étaient Les Chandelles.

    Impossible de lui faire admettre que je ne les avais jamais allumées.

    Outre qu'il me fatiguait avec sa vie sexuelle dont je n'avais strictement rien à faire.

    J'étais fascinée par cette technique d'approche du gars qui croit qu'en m'expliquant qu'il pratique l'échangisme il va me plaire.

     

    Certes, mon style est plus proche de la pute que de la nonne.

    Mais tout de même, l'habit ne fait pas le moine.

    Et j'ai fait vœu de chasteté. Ou presque.

    Passe ton chemin Confrère, tu ne me plais ni ne m'intéresses.

     

    Il est un désagrément de cette profession : on a une carte avec photo et identité.

    Genre FBI.

    Mais c'est Barreau de Paris.

    J'avais montré ma carte à la greffière quelques minutes auparavant et ne l'avais pas rangée.

    Celle-ci trônait donc sur le petit bureau sur lequel j'avais posé le dossier.

     

    Le lourdaud ne put s'empêcher de la remarquer.

    Lorsque enfin il en vint à l'essentiel (« Puis-je vous offrir un café ? », lourd vous dis-je... « Nan, j'travaille »), j'étais ferrée.

    Je refusai poliment.

    Las ! Le fâcheux, relevant mon nom sur ma carte, me répondit :

    -         Un déjeuner, alors.

    -         Je ne peux.

    -         Un autre jour, vous pourrez. Je vous appellerai à votre cabinet.

    -         C'est inutile.

    -         Si, si, j'insiste, nous avons tellement de choses en commun. Et nous irons dîner au Chandelles un soir.

     

    En commun !

    A part une profession, je ne vois pas.

    Et pourquoi se sentait-il autorisé à m'inviter à partouzer ?

    J'étais abasourdie.

    Le défaut d'alliance à mon doigt ne signifiait pourtant pas que j'étais au service des pervers.

    J'en ai un à la maison. Il me suffit.

    Quel culot, tout de même !

     

    Il me remit sa carte.

    Je ne lui donnai pas la mienne.

    Et lui demandai de me laisser.

     

    Il m'appela effectivement.

    Mais par malchance, il tomba plusieurs fois sur ma secrétaire qui, après lui avoir indiqué que j'étais injoignable pour cause d'audience, lui opposa un refus ferme quant à lui transmettre mon numéro de portable.

     

    J'oubliais donc ce type.

    Je n'avais d'ailleurs aucune raison de m'alourdir les souvenirs avec celui d'un mec qui croit que j'ai envie de lui parce que je porte des escarpins.

     

    Je racontais néanmoins cette histoire alentours : l'histoire d'une fille qui paraît si délurée, même lorsqu'elle est plongée dans des notes, qu'un homme se croit autorisé au premier regard à lui proposer une sortie coquine.

     

    La réaction fut unanime :

    -         Tu vas aux chandelles !

    -         Mais non, c'est justement le contraire...

    -         Je le savais...Tu y vas. Y a pas de honte à avoir, j'y vais parfois.

    -         Ah bon ?

     

    C'est ainsi que j'ai appris que j'étais la seule à ne jamais avoir mis les pieds dans une boîte à cul. Tous mes amis y sont allés. Y compris ma copine qui a l'air encore vierge à 30 ans.

    C'est ainsi que j'ai appris également que tout le monde croyait que j'étais une habituée.

    Personne ne voulut jamais croire mes dénégations.

    Arf. On ne maîtrise pas son image...

     

    Ça me rappelle une des grandes interrogations d'un de mes amis :

    que vaut-il mieux : avoir couché avec la star ultime sans que personne ne le sache, ou n'avoir pas couché avec la star ultime alors que tout le monde le croit ?


  • Commentaires

    1
    Khalya
    Lundi 11 Octobre 2004 à 16:42
    Eclaire moi!
    Parce qu'on aime les mecs et qu'on l'assume on est forcément une habituée de ce genre d'endroit?!! Moua je n'ai jamais voulu y mettre les pieds. Je trouve ça tristement déluré, je n'y vois aucun piquant. Après des (dé)gouts et des couleurs... :D En tout cas ton collègue quel lourd!
    2
    J.
    Lundi 11 Octobre 2004 à 17:42
    lol
    Tu t'habilles comme une pute ? ;)Doux jésus
    3
    Tschok
    Lundi 11 Octobre 2004 à 19:00
    Akékun?
    J. laisse mon père en dehors de tout ça!
    4
    heaven
    Mardi 12 Octobre 2004 à 03:12
    une avocate
    rousse en escarpins, ca fait tres romance hollywoodienne avec Hugh Grant...
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    5
    cleo.x Profil de cleo.x
    Mardi 12 Octobre 2004 à 08:59
    Hugh Grant
    Je prends ça assez mal... Si, si, je sens bien qu'en fait de romance hollywoodienne, tu penses à ce boulevard et cette fille qui monnayait ses services...
    6
    heaven
    Mardi 12 Octobre 2004 à 09:05
    pas du tout
    je pense a un autre navet recommande par un collegue de boulot dont j'ai deja oublie le nom (le navet, pas le collegue)
    7
    Flo
    Mardi 12 Octobre 2004 à 11:17
    Tout ne s'excuse pas
    Comment repprocher à cet homme son approche, d'après le peu de toi que j'ai vu, la tentation est grande ! Cependant la façon est horriblement lourde, répugniante, et j'en passe ! Je propose de lui verser une dose de bromure tous les matins dans son café!
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